Haru Sayuki

Il faisait frais ce soir-là et Sayu ne put retenir un soupir d’aise, c’était un de ces moments où la température lui faisait se sentir bien. Elle plaça un pied devant l’autre et regarda la ville remplie de rires, cris, de vie… Sa mâchoire se contracta et elle accéléra le pas. Même si la luminosité était parfaite et que le tableau qu’elle avait devant ses yeux bleus aurait fait une photo extraordinaire, elle trouvait l’action cruelle d’emprisonner toutes ces personnes dans son appareil photo. Sayuki enveloppa ses bras autour de son corps pour s’empêcher de frissonner et cessa de marcher en face d’une forêt très familière. Elle pencha sa tête blonde sur le côté et se décida à suivre le sentier  qui menait dans le bois. Ça ne lui prit qu’une vingtaine de minutes avant de s’accoter sur le magnifique cerisier directement placé en face d’une pierre où son nom, son prénom, son âge et une simple petite phrase étaient gravés.


Il semblait bien que les dieux ne voulaient pas la garder puisqu’elle errait toujours sur Terre et ce, même si cela faisait trois ans qu’elle était morte. Hara Sayuki avait été assassinée à cet endroit lorsque les pétales rosées de l’arbre s’effondraient au sol comme elle l’avait fait au moment où la balle avait perforé son crâne, traversé son cerveau et était sortie par l’autre extrémité en une fraction de seconde. Elle n’avait pas eu la chance de connaitre l’identité de son meurtrier ou encore son motif, mais seulement la chance de quitter ce monde sans douleur aucune. Ne vous méprenez pas, elle avait tenté de retrouver le coupable en pensant que ça lui permettrait de gagner sa place près de ses ancêtres et proches qui avaient passé de l’autre côté. Cependant rien de se produit lorsqu’elle résolue le mystère de sa mort et la jeune femme vint à la conclusion que les dieux l’avaient tout simplement oubliée. Oubliée comme ses parents l’avaient fait après quelques mois. Oubliée comme son grand frère l’avait fait après quelques semaines. Oubliée comme ses amis l’avaient fait après quelques jours…

Un pincement à la poitrine lui fit quitter les lieux et elle se dirigea vers une boite aux lettres pour y laisser une inscription pour le lycée Satô où elle pourra être loin d’ici. Un ballon frôla sa cheville, elle se pencha pour le ramasser et se tourna vers son propriétaire, une gamine de sept ans. Cette dernière lui montra une rangée de dents blanches et Sayu put constater que les deux palettes de l’enfant devant elle avaient disparu.


La grande blonde voyait bien que la petite fille avait froid à ses côtés et fit quelques pas vers l’arrière en forçant un sourire. La fillette qui ne put distinguer le faux sourire prit ce dernier comme un signe pour partir et lui envoya la main en courant du côté opposé. Sayuki fit un geste inimaginable. Elle prit l’enfant en photo, le dos tourné, les cheveux aux vents, puis partit.

Quelques semaines plus tard, Hara Sayuki se retrouvait dans la ville de Naoko, c'était une nouvelle vie qui commençait.